Alliant mécanisme financier, donation et conservation d’une espèce menacée, cette obligation originale pourrait bien ouvrir la voie à l’émergence d’un nouveau type de placement.
C’est une initiative d’un nouveau genre qui a vu le jour de l’autre côté de la Manche. La firme londonienne Conservation Capital vient d’annoncer le lancement en 2020 d’un instrument financier original, baptisé le rhino impact bond ou RIB.
Une rémunération en fonction des objectifs de conservation
Ce placement, qui prend la forme d’une obligation, consistera donc en un prêt qui sera remboursé au bout de cinq ans aux investisseurs, en plus d’un taux d’intérêt, si et seulement si les objectifs de conservation sont atteints. Le placement est lié à la population de rhinocéros vivant dans cinq zones du Kenya et d’Afrique du Sud.
Si la population augmente au cours des cinq ans de durée de vie de l’obligation, les investisseurs sont rémunérés. Dans le cas contraire, ils perdent tout ou partie de leur investissement. Les modalités précises n’ont pas encore été communiquées par Conservation Capital, mais certains investisseurs pourraient choisir d’assumer plus de risques, pour un espoir de gain plus important également.
Des donateurs qui prennent le relai au bout de cinq ans
Dans le cas où les objectifs ont été atteints, les donateurs prennent le relai des investisseurs pour permettre le remboursement du placement. Ils bénéficient ainsi de la certitude que l’argent a servi à la conservation de la biodiversité et que les objectifs recherchés par les donateurs ont été atteints.
Le directeur de la Zoological Society of London (ZSL), un organisme de charité qui gère le zoo de Londres et dirige l’initiative du rhino bond, a expliqué à plusieurs médias financiers que ce modèle permettait de multiplier les leviers de financement de la conservation des espèces en danger, mais aussi de partager les risques financiers liés à la protection de la biodiversité. “Cela permet à des organismes de bienfaisance voués à la conservation, comme la ZSL, d’élargir son champ de protection de la vie sauvage et de donner un retour sur investissement à ses donateurs traditionnels”, a-t-il expliqué à CNBC. Deux banques sont également associées au projet : Crédit Suisse et UBS.
Concrètement, quels sont les objectifs du placement ?
Le rhino impact bond devrait être lancé en 2020. Il offrira une maturité de 5 ans, et sera doté au total de 50 millions de dollars.
La rémunération de l’obligation sera liée à des objectifs de croissance de la population de rhinocéros présente dans cinq zones du Kenya et d’Afrique du Sud. La population de départ est de 700 individus, qui représentent environ 12% de la population mondiale de rhinocéros noirs. Selon Les Echos, l’objectif est de faire augmenter cette population d’au moins 10%.
L’atteinte des objectifs sera évaluée par un organisme indépendant. Le rapport de cet organisme permettra de déterminer le taux de rémunération des investisseurs.
D’autres espèces protégées si le rhino bond est un succès
Si jamais ce projet est un succès, Conservation Capital a déjà annoncé sa volonté d’utiliser cet instrument pour financer la conservation d’autres espèces menacées, ainsi qu’à la préservation d’espaces naturels en danger.